Le piège de la zone bleue !
Je profite de ce blog pour taper un coup de gueule. Je veux parler des zones bleues et leur signalisation. Je ne comprends pas comment le législateur a laissé s’installer une telle réglementation ! Pour illustrer mes propos, je vais prendre des exemples dans deux communes que je connais bien puisque j’y travaille: Schaerbeek et Uccle.
❖ Le principe d’un panneau à validité zonale
Le principe est relativement simple: un signal de début de zone annonce l’entrée et un signal de fin de zone marque la fin. Comme pour la zone 30, la réglementation est d’application dès que vous pénétrez dans la zone. Tant qu’aucun signal de fin n’apparaît, vous êtes toujours dans la zone. Et l’étendue ne se limite pas à une rue mais peut s’étendre à une vaste surface avec plusieurs intersections. Pour donner un exemple concret, tout le Pentagone bruxellois est en zone 30 et de nombreuses communes commencent à baliser leur territoire dans ce sens. Toujours dans le cas de la zone 30, le gestionnaire de voirie aménage les lieux pour la rendre visible (panneau, marquage au sol) et pour limiter la vitesse (chicane, coussin berlinois, rétrécissement de chaussée). Dans le cas d’une zone bleue, la seule obligation légale est d’avoir un signal d’entrée et un signal de fin. Selon moi, c’est totalement insuffisant !
Pour illustrer mon propos, je vais prendre un exemple concret. Vous devez vous rendre à la rue du Manoir située à Uccle. Sur la carte ci-dessous, le trait rouge est un accès en venant de l’avenue Brugmann. Le trait vert est un autre accès venant de l’avenue De Fré. Au début de la rue, il n’y a aucun signal. Le début de zone se trouve en amont, sur l’avenue De Fré.

À moins de la savoir, une personne venant de l’extérieur n’a pratiquement aucune chance de se douter qu’elle doit apposer le disque. Du coup, bon nombre de personnes se font piéger et reçoivent une redevance de la commune.
❖ Un panneau trop éloigné
Lors d’un trajet, on ne connait pas toujours son chemin ni les lieux. De plus, le conducteur doit s’adapter au trafic, à son environnement du moment et à tous les événements liés à la conduite. Il suffit donc d’une petite inattention pour louper le panneau du début de la zone bleue ! Aucun rappel, aucun marquage, aucun aménagement spécifique. Vous êtes en zone bleue mais vous ne le savez pas. Et n’essayez pas de remonter la rue, le panneau ne s’y trouve peut-être pas ! Seuls les habitants et les habitués finissent par s’y faire. Les personnes venant de l’extérieur se font systématiquement prendre, pour le plus grand bonheur des caisses communales.
❖ Une section payante dans une zone bleue
Comme je l’ai expliqué, il faut considérer la zone bleue comme une bulle où les signaux routiers sont placés uniquement aux entrées et aux sorties. Il y a encore une petite subtilité. Dans une réglementation zonale, il peut y avoir des sections avec une réglementation payante. Le plus bel exemple est celui de la rue de Livourne. Une partie est en zone à disque. Le conducteur aperçoit le signal et s’attend à ce que ce soit valable aussi bien sur le côté gauche de la chaussée, que le côté droit. Sauf qu’à Bruxelles, les autorités ont décidé de faire un côté en zone bleue et de l’autre côté en zone verte ! Tout cela est possible grâce aux signaux relatifs au stationnement.


❖ Les limites entre deux communes
Autre pratique étonnante, certains signaux de rappel ont été retirés aux frontières entre deux communes. Jadis, à la limite communale uccloise se trouvaient deux signaux. Un pour indiquer la fin de la réglementation dans la commune X. Un autre quelques mètres plus loin pour indiquer le début de zone dans la commune Y. Cela pouvait faire sourire le badaud mais cela avait le mérite de signaler la limite territoriale. Désormais, quand les deux communes limitrophes partagent la même réglementation (zone payante ou zone bleue), les poteaux sont retirés. Dans le cas d’une zone payante, la difficulté vient alors de prendre un ticket au bon horodateur. Mais ça… c’est encore une autre histoire.
❖ Les panneaux de rappel: aucune obligation
L’idée du panneau de zone c’est bien de s’affranchir de tous les panneaux intermédiaires installés aux entrées de rue et répétés à chaque carrefour. Il suffit d’en mettre aux entrées et aux sorties. La commune/Région fait l’économie de quelques dizaines de panneaux et de leur installation. Évidemment, avant de pouvoir verbaliser, l’administration a pris soin de bien se conformer à la réglementation. Cela lui permet de balayer d’un revers de la main toutes les plaintes. “Ma chère dame, vous ne l’avez pas vu mais le panneau existe bien. Vous êtes donc fautive. Merci de douiller et de payer dans les délais.”
Face aux réclamations et au mécontentement général, la commune/Région installe à son bon vouloir des panneaux de rappel. Ce n’est nullement une obligation. À quoi ça sert d’installer des panneaux à validité zonale si c’est pour les répéter à chaque coin de rue. Néanmoins, je dois être de bon compte et apporter un élément favorable à l’économie de panneaux. Elle évite d’encombrer inutilement nos routes et par la force des choses de capter l’attention du conducteur. À vouloir mettre des informations routières à tout bout de champ, on fini par diluer le message et de le rendre invisible. Les coupes de ces dernières années renforcent également la présence des panneaux réellement indispensables.
❖ La zone bleue; pompe à fric ?
L’idée initiale de la zone bleue est d’assurer une rotation des véhicules en stationnement pour permettre à d’autres de se garer. Cela évite également les voitures ventouses qui squatent les lieux indéfiniment au grand désaroi des riverains. Cela dit, la logique zonale n’est pas du tout adaptée pour le stationnement. Dans les contrevenants, il y a bien souvent des personnes de bonne composition qui ignorent simplement les règles en vigueur. Ce sont donc bien des personnes piégées qui trinquent.
À la décharge de l’administration, des efforts sont faits pour multiplier les panneaux de rappel. Cela reste nettement insuffisant. Certaines communes sont plus réactives et multiplient les rappels visuels. D’aucuns s’amusent à des calculs hasardeux et prétendent que le stationnement est la poule aux oeux d’or. Même si les recettes sont importantes, il faut mettre les chiffres en perspective avec les coûts: payer les agents de contrôle, reverser la rétribution à la Région (15%), assurer le service des plaintes, amortir les horodateurs et les entretenir, achat de scancar, etc. Au final, on estime que les dépenses s’élèvent à environ 50%.

❖ Comment s’organiser avant de contester ?
Bien souvent, les gens râlent mais ne font rien de concret. « À quoi bon… Seule, je ne peux rien changer ». Bien évidemment, ça fait les affaires de l’administration. Ne subissez pas mais réagissez ! Un courrier de contestation ne changera probablement rien. Dans un premier temps, réunissez un groupe de personnes. Cherchez à savoir s’il existe un comité de quartier qui pourrait vous venir en aide. Secundo, renseignez-vous sur la réglementation. Pour connaître l’emplacement des panneaux routiers, il existe des cartes interactives mais elles sont souvent incomplètes et pas à jour. Le mieux est d’aller vérifier sur place et prendre des photos. Tertio, il me semble utile d’avoir l’avis d’un conseiller communal en Mobilité avant de présenter le dossier à l’échevin compétent en la matière. Si le stationnement est géré par la Région, il faut transmettre ses doléances chez parking.brussels et mettre en copie le Collège des bourgmestre et échevins. Les habitants de la commune peuvent aussi introduire une demande d’interpellation citoyenne (vérifier les conditions et la procédure sur le site communal). Visitez et commentez la page Facebook de la commune. En principe, un community manager est tenu de réagir et d’assurer un retour des plaintes si elles sont récurrentes. En dernier recours, et si rien ne bouge, pensez aussi à informer la presse¹ ou à interpeller Vias (Bruxelles) ou l’AWSR (Wallonie). Voilà de nombreuses pistes à explorer. Je le répète: si vous ne faites rien, rien ne bougera !
❖ Des initiatives positives
Le problème de la signalisation par zone n’est pas nouveau. Du coup, des initiatives citoyennes ou communales voient le jour. Dans certains quartiers bruxelloiss, il a été décidé de mettre des rappels au début de chaque rue concernée. Berchem-Sainte-Agathe et Ganshoren n’hésitent pas à multiplier les autocollants sur le mobilier urbain pour rappeler la zone bleue. D’autres municipalités délimitent les emplacements de stationnement par un marquage routier adéquat. Ixelles et Uccle, par exemple, ont fait le choix du petit pictogramme du disque de stationnement en vis-à-vis de chaque emplacement individuel.

Mêmes les riverains s’y mettent en apposant des affiches sur les entrées des maisons et les lampadaires.

Tous ces rappels viennent aider les automobilistes. C’est une bonne et… une mauvaise chose. Une bonne chose car ces redites délimitent clairement les emplacements. Elles empêchent toute ambiguïté et ne piègent pas les conducteurs. L’effet pervers, c’est justement d’assister les personnes alors qu’une réglementation existe. En l’absence de marquage, ces personnes pourraient penser qu’aucune règle n’est d’application. D’où l’intérêt de ne pas généraliser la pratique. Cela dit, même lorsque la signalisation serait limpide, il y aura toujours des personnes pour prétendre que ce n’est pas suffisant. Mauvaise foi, quand tu nous tiens.
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Voici ce que dit le SPF Mobilité et transports suite à l’introduction du disque bleu (remplaçant l’ancien à deux fenêtres) il s’agi donc d’une information officielle et donc les communes ne peuvent plus se débiner !
Ce qui va changer pour les gestionnaires de voiries Pratique: où et comment instaurer une réglementation zone bleue ? Dans un ensemble de rues contiguës: le gestionnaire signalera le début de la zone bleue par l’installation de panneaux à validité zonale à chaque entrée. La fin de la zone bleue sera signalée à chaque sortie. Dans une rue: le début de la réglementation zone bleue sera signalé à l’aide d’un des panneaux E5 à E9h, complété du panneau additionnel «de stationnement» et d’une flèche montante. Dans ces conditions, la réglementation zone bleue prend fin au premier carrefour. Dans une partie de rue: le gestionnaire prendra soin de marquer la fin de la réglementation
zone bleue, soit par le même panneau qu’en début de zone complété d’une flèche descendante, soit par la présence d’un panneau (avec flèche montante) ou d’un marquage signalant le début d’une nouvelle réglementation relative au stationnement. Pour des distances inférieures à 30 mètres, le gestionnaire doit utiliser un seul panneau complété par une flèche montante mentionnant la distance sur laquelle la réglementation est en vigueur.
Source : http://www.olln.be/documents/docs/se-deplacer/disquestat.pdf
Bonjour,
Merci pour ce commentaire. Ce document date de… 2003. Il est toujours d’application (à l’exception du pictogramme du disque). Il ne résout en rien le problème. Pour la zone, c’est bien un signal de début et un signal de fin. Le reste de la signalisation concerne une rue ou une portion de rue mais c’est pas l’objet de cet article.
Etant étranger et venant à Uccle pour la 1ère fois par l’autoroute, accaparé par l’attention à une nouvelle façon de circuler je n’ai pas vu le panneau de zone verte.
A noter que celui ci n’existe pas en France ou quand il y a une zone réglementée ,il y a toujours des panneaux de rappel, ou marquage au sol ou sur des poteaux.
C’est seulement après 3 lettres dont une recommandée et un mail que j’ai pu avoir une réponse à ma réclamation.
Il est clair que le responsable est un inconscient
Quid d’une rue bordée de chaque côté par commune différente (ex. Rue du relais entre Ixelles et Watermael-Boitsfort) si chacune est en zone bleue: carte de riverain valable pour un seul côté seulement? Pour les zones frontières la division communale n’a pas de sens d’autant que la gestion du parking est en cours de régionalisation.
En principe, il y a des accords entre les communes pour les riverains habitant à la frontière. Pour les communes qui dépendent de la Région, c’est un système de maillage différent des secteurs.
bonjour,
Le disque bleu doit-il être positionné côté trottoir ?
Bonjour,
Sur la face interne du parebrise peu importe où du moment qu’il est visible. Donc pas sur les petites vitres de côté comme sur certains modèles de voiture (Renault Espace).
Merci pour votre très intéressante synthèse. Que penser d’un parking relativement vaste, la Place Polyvalente à Louvain La Neuve, à l’entrée duquel figurait un grand panneau de rappel figurait (voir Google Earth) mais a été depuis démonté… pouvant donner à penser que le parking y est libre. Le concept ZB zonale s’applique-t-il aux espaces “hors voirie” ? Depuis la privatisation des parkings – avec l’obligation de rendement qui en découle – et la complexification des règles de parking, la chasse aux pigeons est ouverte toute l’année…
Entièrement d’accord! nous avons eu le coup avec Etterbeek qui nous a mis une redevance alors que le panneau de rappel au début de la rue avait été retiré (j’ai une photo qui le prouve!). Leur réponse, il y a de nombreux panneaux de rappel dans les rues adjacentes et des horodateurs présents rappelant que la rue est payante…je ne pensais pas que les horodateurs faisaient fonction de panneau de signalisation! J’ai écrit à Test Achat en ce sens, sans me faire d’illusion, puisque la réglementation ne soutien pas le conducteur dans ce cas de figure, apparemment